Il est temps de se réapproprier le pouvoir de nos aliments

La souveraineté alimentaire. C’est ce dont nous parlons lorsque nous parlons de se réapproprier le pouvoir de nos aliments.

Lorsque les aliments sont cultivés par les agriculteurs et agricultrices pour le bénéfice de leurs communautés locales, ils comblent nos besoins en nourriture et en sécurité sans endommager l’environnement. Ce type d’agriculture peut nous rendre plus forts, plus sains, et plus connectés l’un à l’autre, à notre culture et à notre terre. C’est le pouvoir des aliments.

Lorsque le pouvoir des aliments est usurpé par des compagnies qui accordent la priorité aux profits, les considérations importantes aux yeux des agriculteurs et de leurs collectivités – comme s’assurer que nos aliments soients sains, accessibles à tous et produits de manière durable- passent en deuxième, après les priorités des actionnaires. Les revenus des agriculteurs se détériorent, nos régimes alimentaires s’aggravent et la planète en souffre

Qu’est-ce que la souveraineté alimentaire?

La souveraineté alimentaire est le concept directeur qui nous guide dans notre travail au Canada et dans le monde. C’est un concept puissant et innovateur qui a été inventé en 1996 par La Via Campesina, un mouvement mondial d’agriculteurs, pour décrire leur vision d’un meilleur avenir alimentaire.

La Via Campesina a défini la souveraineté alimentaire comme  » le droit des peuples à une alimentation saine et culturellement appropriée, produite selon des méthodes écologiquement saines et durables, et leur droit à définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles « .

En d’autres termes, la souveraineté alimentaire place les producteurs et la démocratie au centre de nos systèmes alimentaires. Elle reconnaît l’alimentation comme un droit et un bien public, et non comme une marchandise. Elle identifie la durabilité comme essentielle et encourage l’utilisation de l’agroécologie. Elle reconnaît également les diverses couches de discrimination qui se combinent pour imposer un fardeau encore plus lourd à certains agriculteurs familiaux, comme les femmes, les peuples autochtones, les jeunes et les agriculteurs LGBTQ2S.

La souveraineté alimentaire exige que toutes les voix soient entendues et que les terres, les semences, l’eau, le crédit et les autres ressources soient partagés équitablement

Les agriculteurs ont défini six piliers de la souveraineté alimentaire lors du Forum de Nyéléni, au Mali, en 2007.

Un septième pilier a été ajouté au Canada par les membres du Cercle autochtone du Réseau pour une alimentation durable.

1. Met l’accent sur les besoins alimentaires des peuples :

l’alimentation est plus qu’une simple marchandise. Les besoins alimentaires des populations doivent être au centre des politiques.

2. Renforce les connaissances et les compétences :

nous devons nous appuyer sur les connaissances traditionnelles, en utilisant la recherche pour soutenir ces connaissances et les transmettre aux générations futures. Nous devons également rejeter les technologies qui minent ou contaminent les systèmes alimentaires locaux.

3. Travaille en harmonie avec la nature :

nous devons optimiser la contribution des écosystèmes grâce à l’utilisation de diverses méthodes de production et de récolte agroécologiques, ainsi qu’améliorer la résilience et l’adaptation des écosystèmes, en particulier face au changement climatique.

4. Valorise les producteurs d’aliments :

nous devons soutenir les moyens de subsistance durables des agriculteurs et de tous ceux qui participent à la production ou à la récolte des aliments, et nous devons respecter leur travail.

5. Rebâtit des systèmes alimentaires à échelle locale :

nous devons réduire la distance entre les fournisseurs d’aliments et les consommateurs, rejeter le dumping et l’aide alimentaire inappropriée, et résister à la dépendance pour les aliments et les semences à l’égard de compagnies éloignées et non imputables.

6. Mettre le contrôle au niveau local :

nous devons placer le contrôle des systèmes alimentaires entre les mains des fournisseurs locaux de produits alimentaires et rejeter la privatisation des ressources naturelles. Nous devons également reconnaître la nécessité d’habiter et de partager des territoires.

7. Reconnaît le caractère sacré de la nourriture :

la nourriture est un don de vie, elle ne doit pas être gaspillée. Il ne peut pas être transformé en marchandise.

Quelle est la différence entre la sécurité alimentaire et la souveraineté alimentaire ?

Sécurité alimentaire

  • Met l’accent sur la capacité des populations à avoir accès à une alimentation adéquate.
  • Conçoit la nourriture comme un produit commercialisé et la faim comme le résultat d’une production insuffisante et d’un manque d’accès.
  • Est moins axé sur les méthodes de production et d’approvisionnement.
  • Est basée sur quatre piliers : la disponibilité de la nourriture, l’accès à la nourriture, l’utilisation de la nourriture et la stabilité des trois premiers.

Souveraineté alimentaire 

  • Met l’accent sur le droit des producteurs alimentaires de déterminer les systèmes alimentaires locaux.
  • Reconnaît l’alimentation comme un droit et comprend la faim comme un problème de gouvernance alimentaire, de distribution inégale et d’injustice.
  • Place les agriculteurs et agricultrices de fermes à petite échelle et autres fournisseurs d’aliments au centre du système alimentaire et met l’accent sur les relations entre les communautés et la nature.

Pour en savoir plus :

La Via Campesina, section sur la  souveraineté alimentaire

Union nationale, section sur la souveraineté alimentaire