Qu’est-ce que l’agroécologie ?

L’agroécologie est la science et le savoir-faire derrière l’agriculture durable. Elle s’inspire à la fois de la tradition scientifique des sciences écologiques, et du savoir et de l’expertise traditionnels des petits agriculteurs, en particulier des femmes et des agriculteurs autochtones. 

Grâce à l’agroécologie, les petits agriculteurs peuvent cultiver de bons aliments sans nuire à l’environnement en utilisant leurs deux atouts les plus importants : la diversité des semences adaptées localement et les connaissances et le pouvoir intellectuel de leur communauté.

Une science accessible

La culture écologique des aliments par la pratique de l’agroécologie requiert un grand nombre de connaissances. Ceci implique beaucoup d’observation attentive, d’expérimentation et de créativité dans la résolution de problèmes de la part des agriculteurs. 

Dans l’agriculture industrielle, le développement des connaissances tend à suivre un modèle de diffusion hiérarchique, où les institutions et les agronomes mènent des recherches puis enseignent aux agriculteurs de nouvelles méthodes à utiliser dans leurs champs. 

En revanche, l’agroécologie considère comme point de départ la connaissance des agriculteurs de leurs écosystèmes et de leurs cultures locales, et bonifie cette connaissance avec la méthode scientifique : observation, formulation d’une hypothèse, test, analyse des résultats, puis apprentissage.

Nous appuyons ce travail dans nos programmes en soutenant l’expérimentation sur le terrain menée par les agriculteurs, les échanges d’apprentissage entre agriculteurs et la collaboration entre agriculteurs et chercheurs universitaires. Nous soutenons également les initiatives communautaires qui donnent aux agriculteurs les outils dont ils ont besoin pour cultiver de bons aliments de façon écologique et pour gagner un meilleur revenu, comme les banques de semences communautaires ou les micro-entreprises.

Une solution pronée par les agriculteurs et paysans

L’agroécologie a été identifiée par les mouvements paysans qui ont inventé le terme souveraineté alimentaire comme étant le meilleur modèle pour cultiver la nourriture et protéger l’autonomie, les moyens de subsistance et la dignité des agriculteurs:

L’agroécologie y parvient grâce à ces principes:

  • Promouvoir des alternatives locales peu coûteuses aux semences commerciales, aux pesticides, aux herbicides et aux engrais. Ceci aide les producteurs à limiter les coûts des intrants et à rester indépendants des chaînes d’approvisionnement menées par les multinationales, sur lesquelles ils n’ont aucun contrôle.
  • Tenir compte de la nécessité de rebâtir les systèmes alimentaires locaux afin d’encourager l’alimentation et l’économie locale. L’agroécologie décourage les politiques agricoles axées sur l’exportation et encourage plutôt les politiques qui donnent aux fermes locales la chance d’approvisionner les marchés de proximité en produits frais et transformés localement.
  • Accorder une place particulière à l’expertise des agricultrices et des agricultrices autochtones, qui ont tendance à détenir le plus de connaissances traditionnelles sur leurs semences, territoires et écosystèmes locaux. La valorisation de ces connaissances promeut l’égalité entre les sexes et le progrès vers la décolonisation des systèmes alimentaires.

 

Un mouvement en plein essor

Aujourd’hui, l’agroécologie est de plus en plus reconnue par les gouvernements et les institutions comme une approche efficace pour réduire la faim et l’injustice, améliorer la nutrition, conserver les ressources naturelles et aider l’agriculture à atténuer et à s’adapter au changement climatique. 

Dans son rapport 2011, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter, a constaté que « les preuves scientifiques actuelles démontrent que les méthodes agroécologiques surpassent l’utilisation des engrais chimiques pour stimuler la production alimentaire là où vivent les personnes les plus affamées – surtout dans des environnements défavorables ». 

Depuis, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture a accueilli deux colloques internationaux sur l’agroécologie en 2014 et 2018, et plusieurs gouvernements internationaux commencent lentement à adopter des politiques pour soutenir l’agroécologie.

De nombreux obstacles demeurent au développement et à la diffusion de l’agroécologie dans le monde. Ces obstacles prennent différentes formes selon le point de départ de la région, que ce soit l’agriculture industrielle ou l’agriculture de subsistance. En général, les obstacles incluent un manque d’information dans les communautés agricoles et les institutions agricoles, un régime foncier précaire pour les petits exploitants agricoles, un manque d’infrastructures de soutien et d’investissements pour les petites exploitations et les systèmes alimentaires locaux, et des politiques qui vont à l’encontre de l’agroécologie. 

Soutenir Sème l’avenir est une façon concrète pour vous d’aider les communautés agricoles à surmonter ces obstacles.

Quelle est la différence entre l’agriculture écologique et l’agriculture biologique ?

Les aliments biologiques sont produits à l’aide de techniques agricoles qui visent à reconstituer la fertilité des sols et à éviter l’utilisation de pesticides, herbicides ou engrais synthétiques toxiques. L’agriculture biologique vise également à accroître la biodiversité, à assurer le bien-être des animaux d’élevage et à réduire les impacts environnementaux négatifs de l’agriculture.  

Dans la plupart des pays du monde, les agriculteurs doivent adhérer à un ensemble de normes spécifiques afin d’être certifiés biologiques. Lorsque vous achetez des produits portant le logo Biologique Canada, vous avez la garantie qu’ils ont été cultivés sans engrais et pesticides synthétiques et sans semences génétiquement modifiées (OGM). 

En revanche, l’agroécologie n’est pas une pratique normalisée ou un ensemble d’approches précises. Tout comme l’agriculture biologique, l’agroécologie décourage l’utilisation de produits chimiques toxiques et de semences génétiquement modifiées, et met fortement l’accent sur la biodiversité. Mais son approche est axée sur les pratiques agricoles qui fonctionnent le mieux dans un écosystème et une ferme en particulier. Les principes fondamentaux de l’agroécologie sont les suivants :

  • maximisation de la biodiversité
  • recycler les ressources naturelles disponibles localement pour améliorer la fertilité des sols
  • mettre l’accent sur les interactions et la productivité dans l’ensemble du système agricole

Pour en apprendre plus:

Qui nous nourrira? (10.2017), ETC Group

De l’uniformité à la diversité (06.2016), International Panel of Experts on Sustainable Food Systems (IPES-Food)

Rapport: L’agroécologie et le droit à l’alimentation (05.03.2011) Olivier De Schutter, UN Rapporteur on the Right to Food