La semence d’oignon : se tourner vers les sources locales de semences

avril 1, 2017
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Lorsqu’une communauté développe sa capacité à cultiver, à conserver et à vendre ses propres semences, elle ne se contente pas de jeter les bases solides de son système alimentaire local. Elle crée également de nouveaux débouchés économiques pour les agriculteurs locaux et de nouvelles chances pour les agricultrices de gagner un bon revenu.

Les semences de qualité peuvent être difficiles à trouver.

A Safo, au Mali, les agriculteurs avaient tellement de mal à trouver des semences d’oignons de qualité que Cab Demeso, notre partenaire, a organisé une formation sur la production de semences potagères pour les agriculteurs de la région afin qu’ils puissent produire leurs propres semences.[1] De ces personnes formées, Cab Demeso a commencé à soutenir un groupe d’agriculteurs qui voulaient faire passer leur formation à un niveau supérieur; c’est-à-dire produire des semences professionnelles certifiées.

Sitan Diarra est l’une de ces paysannes.

« J’étais autrefois marchande de produits agricoles, explique Sitan. « Je marchais tous les jours au marché de Bamako, portant mes produits sur ma tête. »

Elle voulait une activité qui lui procurerait un meilleur revenu, sans avoir à se rendre tous les jours à pied à Bamako. Avec l’aide de Cab Demeso, elle a appris à cultiver la semence d’oignon Violet de Galmi, une variété bien connue et appréciée pour son goût, sa nutrition et son aptitude au stockage. La possibilité de cultiver et de vendre une variété certifiée permettrait à Sitan de facturer une prime pour ses semences d’oignons en raison de la confiance des consommateurs dans les semences certifiées.

Au niveau communautaire, la capacité de cultiver et de vendre des semences d’oignons certifiées entraîne une croissance économique pour les agriculteurs, améliore la diversité agricole dans la région et donne aux communautés les moyens de jouer un rôle de premier plan dans la conservation et la distribution des semences.

Au Mali, le processus de certification de l’oignon Violet de Galmi implique un service gouvernemental qui exige que les agriculteurs cherchant à obtenir la certification respectent un certain nombre de critères pendant la culture, la récolte et le stockage des semences. Dans le cas de Sitan, la Direction régionale de l’agriculture de Koulikoro a assuré le contrôle des cultures sur le terrain pour mesurer si les agriculteurs respectaient les critères de culture. Le LABOSEM (Laboratoire des semences du Mali) a participé au contrôle post-récolte et à l’autorisation de mise en marché.En 2017, 10 agriculteurs, dont trois femmes, ont cultivé des oignons Violet de Galmi avec comme objectif d’obtenir une certification. Sept d’entre eux ont réussi.

En plus de permettre aux agriculteurs d’augmenter leurs revenus, cette expérience a amélioré et soutenu la sécurité semencière. Maintenant inscrits au registre national des producteurs de semences, ces agriculteurs ont réussis à acquérir la confiance des autorités.

Grâce au soutien du programme SoS, Sitan a appris à produire des oignons et des semences de plantes forestières, de nouvelles connaissances qui lui ont permis de ne plus avoir à marcher tous les jours jusqu’à Bamako pour vendre ses produits agricoles.

« J’ai arrêté cette activité parce que je gagne beaucoup plus avec ma production de semences « , dit-elle. Entre son entreprise de semences d’oignons et la vente de sa production d’amarante, d’eucalyptus et d’orangers, Sitan gagne suffisamment de revenus pour répondre à ses besoins.

« Je ne peux pas passer une journée sans aller voir mon jardin. »


[1] avec World Vegetable Center Mali (anciennement AVRDC) pour 35 agriculteurs.