Jeidy a toujours rêvé de diriger sa propre ferme
avril 1, 2019Pourtant, Jeidy voulait aussi une vie meilleure, et elle voulait être autonome.
Jeidy Marilú Domínguez Morales a grandi sur la ferme de ses parents à Campanario Dos, une petite communauté rurale dans la région montagneuse d’Intibucá au Honduras. Elle adorait passer du temps au champ, et rêvait du jour où elle pourrait devenir agricultrice à son tour.
Pourtant, Jeidy voulait aussi une vie meilleure, et elle voulait être autonome.
L’agriculture lui semblait une avenue peu probable pour y parvenir. Tout d’abord, parce que l’agriculture dans une communauté escarpée et isolée comme Campanario Dos est difficile. Contrairement aux terres basses occupées par des exploitations agricoles commerciales à grande échelle, les agriculteurs doivent composer avec une mince couche de sol sur des pentes rocheuses, et un accès routier limité aux villes.
Deuxièmement, parce qu’en tant que femme, Jeidy faisait face à des obstacles supplémentaires. Au Honduras, ce sont traditionnellement les hommes qui possèdent la terre et qui gèrent la vente des récoltes. Les femmes comme la mère de Jeidy font une grande partie du travail agricole, s’occupant des cultures et du bétail entre leurs autres tâches ménagères et leurs soins aux membres de la famille et de la communauté. Mais ce sont généralement les hommes qui prennent les décisions et qui sont responsables de la gestion de l’aspect commercial de l’agriculture. Par conséquent, les formations et l’adhésion aux groupes de commercialisation des récoltes ont tendance à n’être offertes qu’aux jeunes hommes.
Il fut un temps où Jeidy pensait qu’elle ne pouvait pas surmonter ces obstacles. « J’allais partir pour les États-Unis ou l’Espagne. J’allais quitter le pays parce que je ne trouvais aucune opportunité. »
Mais un jour, elle a rencontré Victoria Aguirre, diplômée de la formation sur la production de café durable de notre partenaire local, FIPAH, et dirigeante d’un groupe local de femmes agricultrices appuyé par SeedChange.
Victoria avait réussi à ajouter des caféiers cultivés à l’ombre aux cultures de maïs, de haricots et autres aliments qu’elle cultive sur sa petite ferme, afin de nourrir sa famille nombreuse. Elle est aussi récemment devenue la première femme à remporter le premier prix à la foire annuelle d’évaluation du café de sa région, un événement jugé par un jury d’experts internationaux du café.
Victoria a encouragé Jeidy à suivre la formation de FIPAH sur la production durable du café. Jeidy a accepté avec enthousiasme. Elle s’est plongée dans sa formation sur l’agroforesterie et la transformation du café. Elle a même gratuitement reçu des plants de café qui sont habituellement assez dispendieux, pour commencer.
Encouragée par ses nouvelles connaissances et ses nouveaux atouts, Jeidy a demandé à son père un lopin de terre – mais en son nom, à elle.
« C’était mon idée », explique Jeidy. « J’ai dit à mon père que je voulais avoir ma propre ferme et il a accepté. Il a dit ‘c’est d’accord, ma fille’. Il a fait la même chose pour mon frère aîné. Les jeunes peuvent progresser et encourager leurs parents à changer et à les soutenir. »
Aujourd’hui, à l’âge de 23 ans, Jeidy est à la tête de sa propre entreprise de café en plein essor. Elle cultive du café à l’ombre, entre autres cultures, en utilisant des pratiques écologiques. Elle le fait fièrement sur sa propre terre. Elle s’est également associée à d’autres agricultrices pour vendre sa première récolte directement à des acheteurs, ce qui lui permet de garder le contrôle et l’autonomie sur tous les aspects de son entreprise.
C’est une expérience qui lui a permis d’acquérir de la confiance en elle. Elle ne pense plus à déménager dans un autre pays, parce qu’elle croit en sa capacité à résoudre les problèmes et à se construire une bonne vie. « Vous regardez votre ferme et vous réalisez le changement. Vous faites quelque chose et vous savez que cela vous sera bénéfique. Ce que vous cultivez apportera quelque chose de bon. »
Jeidy apprend encore à relever les divers défis inhérents à l’exploitation d’une ferme, mais son avenir lui semble maintenant solidement ancré dans sa communauté. « Je continuerai à travailler avec le café car ça me rend heureuse », dit-elle. « Mon plan pour l’avenir est de construire ma maison ici, et si jamais je me marie, je veux enseigner à mes enfants tout ce que j’ai appris. Ils apprendront comme moi et suivront le chemin que j’ai commencé. »