Transformer les rôles de genre au Guatemala
novembre 18, 2019En facilitant la collaboration entre les femmes et les hommes en tant que chercheurs, Herlinda Matías Ramos transforme également la compréhension qu’a sa communauté des rôles de genre.
Herlinda Matias Ramos a grandi dans les hauts plateaux du Guatemala, un pays avec un des taux de pauvreté les plus élevés du monde.
Au Guatemala, les Mayas représentent plus de 60% de la population du pays. Ils détiennent aujourd’hui moins de 2% des terres, résultat de plusieurs siècles de colonisation. La plupart vivent avec moins de 2$ par jour.
En tant que jeune femme Maya indigène, Herlinda se heurtait donc à un nombre particulièrement élevé d’obstacles. Sa famille pratiquait l’agriculture de subsistance. Elle n’avait pas accès à l’éducation formelle. Et parce qu’elle était une fille, on s’attendait à ce qu’elle se concentre à s’occuper de sa famille et de sa ferme.
Pourtant, Herlinda voyait l’environnement changer autour d’elle, et elle s’inquiétait de la survie de sa communauté. « L’impact du changement climatique est fort et les gens ne sont même pas conscients que nous sommes en train de nous tuer. » Elle voulait faire quelque chose.
Faire carrière en soutenant d’autres agriculteurs est un scénario peu probable pour les femmes des pays du Sud. Partout dans le monde, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture a constaté que seulement 15% des agents qui livrent des services de soutien technique aux agriculteurs dans le monde sont des femmes.
Mais l’organisation partenaire d’USC Canada au Guatemala, ASOCUCH, croit qu’il faut changer cela. L’organisation travaille à la défense des droits des agriculteurs et au renforcement des pratiques agricoles agroécologiques par le biais de notre programme Semences de la survie.
Étant donné que globalement, les femmes rurales connaissent des taux plus élevés de violence faite aux femmes et d’abus sexuels que les femmes en milieu urbain, ASOCUCH a également fait de l’égalité des genres un élément central de sa programmation.
L’organisation embauche des personnes locales – y compris une proportion égale de femmes – pour favoriser le transformation sur les fermes et dans les ménages. En 2015, elle a demandé à Herlinda si elle souhaitait devenir animatrice communautaire. La jeune femme a accepté avec enthousiasme, heureuse à l’idée de recevoir de la formation et d’aider à accroître les connaissances dans sa communauté. « Pour moi, le partage des connaissances avec différents groupes de personnes est primordial. »
ASOCUCH a montré à Herlinda comment encourager et soutenir la participation des femmes dans les sphères communautaires. Elle lui a également appris à animer un CIAL, ce modèle novateur de développement communautaire fondé sur l’agroécologie mis au point par FIPAH, notre organisation partenaire au Honduras.
Aujourd’hui, Herlinda aide les agriculteurs et agricultrices à apprendre les uns des autres, à identifier leurs défis communs et à planifier des projets de recherche qu’ils mènent ensuite à bien dans leurs champs.
Son groupe se concentre actuellement sur le développement de meilleures techniques de collecte de l’eau de pluie. « Notre seul accès à l’eau ici, c’est la pluie, donc dans notre communauté, nous sommes confrontés à une pénurie d’eau « , explique Herlinda. Les résultats sont prometteurs et Herlinda est fière de voir les agriculteurs de son CIAL mettre en pratique ce qu’ils apprennent dans les formations.
Elle croit également que son travail contribue à changer les normes sociales qui sont à l’origine des déséquilibres de pouvoir entre les hommes et le femmes de sa communauté. « Nous, les femmes, faisons toujours partie du travail du CIAL autant que les hommes « , dit-elle. « La reconnaissance des droits des femmes n’a pas été un processus facile dans notre communauté. Mais nous voyons que la situation des femmes s’améliore peu à peu dans leur rôle de mères, de travailleuses, d’agricultrices, et de ménagères. » ASOCUCH espère tirer parti de ce succès en intégrant davantage de formation et d’éducation sur la violence sexuelle et fondée sur le genre dans toutes les formations des agriculteurs.
Ceci étant dit, la plus grande transformation qui s’est opérée à date est probablement celui qui est survenu dans la vie d’Herlinda.
« Quand j’étais enfant, je n’aurais jamais imaginé pouvoir changer beaucoup de choses dans ma vie. Je ne pensais pas avoir l’occasion de travailler et de me battre pour les bonnes choses « , dit-elle. « Mais j’ai fait des efforts pour aller de l’avant. Je me suis fait confiance. J’ai accompli beaucoup de choses. Maintenant, je suis une personne plus capable d’apprendre, de partager mes connaissances et de me sentir confiante, même avec beaucoup de gens autour de moi. »
Aujourd’hui, à 24 ans, Herlinda ne voit aucune limite à sa capacité de continuer à semer le changement dans sa communauté.
« Je veux continuer à grandir et à apprendre dans ma vie. C’est le moment pour moi d’être confiante. »