La vie secrète des semences

septembre 30, 2019
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Fanta Traoré avait un secret

Fanta est mère de huit enfants, grand-mère de treize petits-enfants et gardienne d’une semence très précieuse que tout le monde croyait perdue à jamais.

Bien sûr, elle ne savait pas que c’était un secret au début – ce n’est que lorsqu’elle s’est réunie avec une douzaine d’autres agriculteurs et agricultrices de sa région qu’elle s’en est rendu compte.

Avec l’appui précieux de donateurs de SeedChange comme vous, ils se sont réunis pour une évaluation semencière, une étape qui leur permettrait de mieux travailler ensemble pour préserver et faire croître la diversité de leurs semences locales. Cet exercice commence par le recensement de toutes les semences qu’ils conservent.

Il s’est avéré que Fanta est gardienne d’une semence très rare : le sorgho n’guéné, une céréale traditionnelle locale.

N’guéné sorghum. (Photo: CAB Demeso)

Aujourd’hui, debout dans un champ d’oignons dans son village de Zorokoro au Mali, Fanta raconte le moment où elle a révélé qu’elle conservait les semences de ce sorgho.

Ses pairs étaient surpris et excités: ils croyaient cette variété de sorgho perdue pour de bon.

“Quand j’ai montré que j’avais la semence, j’ai vu un sentiment de soulagement parmi les femmes qui croyaient cette variété disparue de notre communauté” dit Fanta, qui à l’âge de 56 ans est impliquée dans le programme de SeedChange depuis 2002. Cinq femmes lui ont demandé des semences de n’guéné sur-le-champ.

Ce n’est pas un cas isolé.

Moriba Traoré et sa grand-mère, l’agricultrice Fanta Traoré, dans son champs d’onion au Mali. (Photo : CAB Demeso)

La pression pour les petits agriculteurs de produire des cultures d’exportation et d’adopter des pratiques agricoles industrielles, combinée aux effets des changements climatiques, font que la perte de semences est une affaire courante. Les semences locales, et les aliments uniques qu’elles produisent, sombrent dans l’oubli régulièrement.

Mais cette fois, même si le sorgho n’guéné n’était plus cultivé par les autres agriculteurs autour d’elle, Fanta l’a sauvegardé en le plantant année après année. Elle appréciait son aptitude à produire des céréales plus tôt que d’autres types de sorgho. Ça lui permettait de compter sur une récolte précoce, même à l’ère des changements climatiques.

De plus, le sorgho n’guéné fournissait un repas quotidien délicieux, nutritif et facile à préparer pour sa famille – un facteur important quand on tant de bouches à nourrir.

“Comme j’ai plus d’une douzaine de petits-enfants, j’ai continué à cultiver cette variété pour répondre à leur demande croissante!”

Fanta fait plus que préserver des semences à risque. Grâce à l’appui de donateurs comme vous, elle a planté plusieurs baobabs. En compagnie d’autres femmes de son village et de Bamako, la capitale, elle récolte les minces feuilles vertes de cet arbre pour les vendre au marché. Au début de la saison des pluies, lorsque la nourriture est rare, ces feuilles lui permettent de gagner un revenu régulier.

Elle n’a jamais eu la chance d’aller à l’école mais, avec votre soutien, Fanta a reçu une formation, acquis de nouvelles compétences et cultive de bons aliments diversifiés dans une région difficile. Grâce à son expertise, Fanta enseigne maintenant aux agriculteurs en herbe autour d’elle. Elle a même fondé une association d’agriculteurs à Zorokoro qui aide ses 43 membres à se procurer de bonnes semences.

Les efforts de Fanta portent fruit: elle a réussi à envoyer ses huit enfants à l’école.

“Le soutien du programme a grandement amélioré nos conditions de vie.”